Vous connaissez « Inspecteur Barnaby » ? La fameuse série policière du dimanche soir sur France 3? Une série où vous découvrez que dans de paisibles villages anglais, on tue et on massacre avec les méthodes les plus originales ? Où de charmantes petites vieilles dames se révèlent des empoisonneuses hors pair, où d’innocents vicaires jouent aux exorcistes du samedi soir ? Où l’on se massacre à la tronçonneuse pour remporter le prochain concours de la plus belle orchidée ? Le tout dans un cadre toujours bucolique et champêtre…
J’étais une inconditionnelle de la série télévisée, point d’orgue traditionnel de mes week-ends. Et voilà que dans mon innocence, je viens seulement de découvrir que cette série est adaptée de romans policiers célèbres outre-Manche, de la non-moins célèbre Caroline Graham. Dès lors que la série n’était plus diffusée en France, il me paraissait urgent de m’y mettre. J’ai attaqué le premier tome, un peu inquiète à l’idée d’être déçue, tant les personnages et l’ambiance de la série m’étaient chers.
Et bien je suis conquise !
J’ai retrouvé tout ce qui fait le charme de ces polars, avec en prime des éléments nouveaux qui ne gâchent rien, bien au contraire. Une transition si heureuse du livre à l’écran est suffisamment rare pour être signalée.
Dans ce premier polar, une vieille dame de 85 ans est retrouvée morte chez elle, vraisemblablement d’un arrêt cardiaque. Vu l’âge vénérable de l’intéressée, cette mort semble des plus naturelles, aussi aucune enquête n’est-elle diligentée. Mais sa meilleure amie, autre respectable vieille dame, trouve qu’il y a dans ce décès quelque chose de suspect (une orchidée est encore au cœur de cette affaire, voyez-vous !), et remue ciel et terre jusqu’à ce qu’elle parvienne à convaincre l’inspecteur Tom Barnaby de mettre son nez dans tout ça. Et bien lui en prend car rapidement, c’est un sordide empoisonnement qui s’avère à l’origine de la mort. L’enquête met alors au jour de sombres histoires de stupre et de débauche à peine imaginables dans un coin de pays si calme. Décidément, il s’en passe derrière les rideaux de dentelles des cottages britanniques !
J’ai apprécié le personnage de Barnaby qui a forcément plus de chair dans le roman. On nous donne plus de détails sur sa famille, sa fille Cully et sa femme Joyce. Sa personnalité se révèle plus complexe, plus tourmentée que celle du quinquagénaire bonhomme de la série. Troy est plus esquissé, son tempérament m’a moins plu, mais le duo fonctionne bien. Quand au cadre, il demeure le principal charme de cette série : nous visitons de vieux manoirs feutrés, plein de beaux meubles et de domestiques silencieux, de coquets cottages, des bois mystérieux.
Enfin, la lecture en VO permet de savourer quelques bons jeux de mots et tournures très drôles, tout en restant accessible pour quelqu’un de non bilingue comme moi (sauf pour les poisons tels que la ciguë, où là un petit coup d’œil au dictionnaire n’est pas de trop…).
The Killings at Badger’s Drift, Caroline Graham, Headline Book Publishing, 1989, 264 pages.