Voici le deuxième opus des aventures de la Commissaire Viviane Lancier, personnage créé par Georges Flipo, dont le précédent roman (La Commissaire n’aime point les vers) est sorti en 2010.
Cette fois-ci, Viviane est expédiée par sa hiérarchie sur l’île de Rhodes dans un club de vacances archi-plouc, afin d’enquêter incognito sur le meurtre du chef du club. Une semaine au soleil, avec comme adjoint un beau lieutenant (Willy) bien pourvu par la nature, le rêve ? Détrompez-vous. C'est une peinture au vitriol des villages de vacances qui nous attend. Et comme Viviane est du genre complexée par son apparence, ce n’est pas elle qui ira lézarder au bord de la piscine pour exhiber de plantureuses rondeurs. Surtout que les meurtres s’enchaînent sans lui laisser le temps de souffler, la pauvre...
Sur le fond, l’intrigue ne m’a pas autant séduite que le précédent polar de cette série. Je l’ai trouvé un peu tirée par les cheveux, parfois difficile à suivre, j’ai dû repartir une fois ou deux en arrière pour tout comprendre. C’est donc pour l’ambiance que j’ai apprécié ce roman plutôt que pour l’intrigue policière.
Le moteur du récit est constitué par le formidable duo Viviane-Willy. Dès le départ, entre la commissaire complexée et le bel éphèbe bronzé tout droit sorti d’un magazine féminin, un contraste désopilant s’installe. Un couple aussi mal assorti ne peut que fonctionner ! Leur rivalité et leurs malentendus donnent à la narration un rythme endiablé et de bonnes pages de rigolade. De plus, depuis le premier tome, le personnage de Viviane a pris de l’épaisseur (désolée, je n’ai pas pu m’en empêcher), elle est désormais plus crédible et plus attachante qu’avant, même si elle n’est pas tendre avec son petit lieutenant. Cela donne lieu d’ailleurs à des répliques savoureuses.
L’évocation du club de vacances est une vraie réussite, caustique à souhait et criante de vérité. Un village de vacances, c’est d’abord un décor totalement artificiel (au passage, chapeau M. Flipo pour le plan du club dessiné à main levée, en forme de tête de chèvre, quel talent !), c’est aussi un espace clos, coupé du monde, dont les touristes ne sortent jamais. Ce sont des animateurs aux sourires préfabriqués, à la bonne humeur mécanique. On touche du doigt le degré zéro des vacances, le loisir stérile, la bêtise érigée en dogme, l’influence abrutissante du groupe, la vulgarité, la laideur. Tout cela est un peu cruel mais néanmoins très drôle parce que Georges Flipo possède une plume acerbe qui éreinte sans jamais tomber dans la méchanceté, avec toujours cette pointe de tendresse qui affleure ça et là. Car au fond, aucun d’entre nous n’est jamais totalement à l’abri de ce qu’il dénonce, et cela crée une certaine complicité avec le lecteur.
Bonne lecture !
Vous pouvez retrouver sur ce blog un autre billet sur un roman de Georges Flipo. Et bien sûr, visitez le blog de l’intéressé, plein d’humour et de second degré sur ce beau métier d’auteur.
La Commissaire n’a point l’esprit club, Georges Flipo, Editions La Table Ronde, mars 2011, 286 pages.