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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 22:55

Paris, à peu près de nos jours. Des « 4 » peints en noir recouvrent les portes de plusieurs appartements parisiens en une nuit. De mystérieuses prophéties prennent le relais et annoncent le retour du fléau des fléaux, la Peste Noire. Le commissaire Adamsberg enquête, canular ou vraie menace ? C’est alors qu’apparaissent les premiers corps, noircis, et que les 4 se multiplient comme autant de talismans.  

 

On m’avait tant vanté le génie de Fred Vargas, l’auteur de policiers incontournable du moment, qu’évidemment j’ai été déçue. Mais déçue bien au-delà de ce que j’avais imaginé. J’ai trouvé ça franchement mauvais. L’intrigue – qui met du temps à démarrer - est tout sauf crédible. Le grand retour de la peste, en plein XXIème siècle, pourquoi pas, mais pas avec d'aussi gros sabots. D’ailleurs, on sent qu’à certains endroits, l’auteur peine pour donner de la vraisemblance à son récit. Les explications deviennent tortueuses, alambiquées, les déductions du grands commissaire de plus en plus tirées par les cheveux. Le récit fait des acrobaties pour accréditer l’idée que le 14ème arrondissement de Paris pourrait être ravagé par le « fléau de Dieu », et n’y parvient pas. D’ailleurs, sans vouloir spoiler, le dénouement sonne comme un aveu d’échec.

 

Sur la forme, les phrases sont abruptes, courtes, les termes familiers, « flics », « type », « gueule », abondent, ce qui n’est pas gênant en soi mais donne une impression de modernité qui cohabite mal avec les prophéties millénaristes, le lexique moyenâgeux (approximatif d’ailleurs, en gros on met des « z » partout, « qualitez », « humiditez »), les citations latines pompeuses. Les clichés sont nombreux, les expressions stéréotypées "Mort Noire", "fléau de Dieu", sont rabâchées ad nauseam. On a l’impression que Vargas hésite entre le polar contemporain et le roman gothique ésotérique, pour aboutir à une caricature de l’un et de l’autre.

 

Pour ce qui est du cadre, la description du XIVème arrondissement de Paris (quartier Edgar Quinet) relève plus du Paris fantasmé du touriste américain que de celui où vous et moi faisons nos courses. D’où un certain décalage : les bacilles pesteux s’égaient dans une ambiance genre « Amélie Poulain ». Ce contraste – délibéré ou non - m’a vite exaspérée.

 

Enfin le personnage récurrent de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg, m’a semblé inconsistant. Aucun des clichés de l’enquêteur contemporain ne nous est épargné ; anti-héros solitaire, ombrageux, (mais un coeur tendre se cache sous sa carapace bourrue bien sûr), et toujours la sentence percutante au bout de la langue « je me demande si, à force d’être flic, je ne deviens pas flic ». 
 

Au total, je me suis ennuyée, impatientée, Fred Vargas restera une déception... (Je m’excuse d’avance auprès des fans, et je vais faire acte de pénitence sur le champ en allant lire une bonne daube, ça tombe bien, les Harlequinades 2009 viennent de commencer !)

 

Sur la blogosphère, les avis plus enthousiastes de Yueyin et de Kalistina.

Pars vite et reviens tard, Fred Vargas, J'ai lu, 347 pages.

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 21:30

Pour illustrer le débat sur les bons et les mauvais romans, il faut lire l'aventure de François Taillandier: courageux, il a acheté, et lu en entier, le dernier Guillaume Musso (ou peut-être Geoffroy, Gaétan... il n'est plus sûr..!). Il nous en parle sur son blog. C'est drôle et un peu cruel, juste ce qu'il faut.  

Sur le même sujet, Pierre Jourde nous explique ce mois-ci pourquoi l'argument "faut pas se moquer de Musso-Lévy-Gavalda, il faut les respecter, au moins ils font lire les gens" ne tient pas la route. J'ai trouvé son billet très juste, à lire sur son blog également.

Le Koala a son avis sur la question.

Bon week-end.

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24 juillet 2009 5 24 /07 /juillet /2009 18:45

Lassés par la médiocrité de l’actualité littéraire, fatigués des supermarchés du livre, agacés par la critique littéraire servile, un libraire et une mécène idéalistes s’associent pour créer une petite librairie où ne se vendront que de bons romans, que des chefs-d’œuvre, que les romans passionnants, les romans « nécessaires », les bons romans, ceux dont on ne parle pas. Pour nourrir ce projet utopiste, ils rassemblent un comité de 8 écrivains triés sur le volet, chargés de sélectionner chacun 600 titres de bons romans, le tout constituant le fonds de départ de la librairie. Contre toute attente, Au bon roman rencontre un franc succès, les ventes décollent, le Tout-Paris s’enflamme, et c’est alors que les problèmes commencent. Menaces, agressions, apparemment la démarche dérange. Mais l'ennemi reste invisible. 
 

Je découvre cet auteur, mais je sens que je vais faire une razzia sur ce qu’elle a écrit auparavant. Une découverte très réjouissante. J’ai trouvé l’idée de départ à la fois très originale et en même temps évidente. L’intrigue a un petit côté conte philosophique où se mêlent les codes du roman policier.

 

Sur le fond, l’articulation entre le récit à suspense (qui s’en prend au Bon Roman ?) et le débat littéraire est très réussie. Car l’histoire est l’occasion d’une plaidoirie ; pour ou contre l’élitisme, la sélection, l'exigence. Entre d’un côté les tenants de la littérature soit-disant populaire, du relativisme en matière de goût littéraire, qui dénoncent un snobisme bourgeois, et de l’autre les militants du Bon roman, de la qualité, du rêve, du style, on ferraille dur et c’est passionnant. Au passage, les blogs littéraires prennent vigoureusement part à la polémique (dans quel camp, à votre avis ?), c’est assez amusant.

 

Sur la forme, j’ai été un peu agacée par l’intrusion d’un personnage qui parle à la première personne à partir du milieu du roman, et dont on découvre finalement l’identité sans que ça apporte grand-chose à l’histoire. Une fioriture inutile à mon avis qui nous distrait de l’essentiel, on aurait pu s’en passer. Mais c’est un détail et pour le reste, le roman est passionnant de bout en bout, servi par une langue fluide, précise, agréable.

 

Un bon roman, mais qui ne figurerait sans doute pas sur les étagères sur Bon Roman, qu’en pensez-vous ?

 

A l’instar d’autres, j’ai commencé ma liste de 600 bons romans, je plafonne péniblement à 150 pour le moment... Je ne suis pas prête d’ouvrir ma librairie ! En attendant je vais aller explorer les autres livres de L. Cossé.

Au bon roman, Laurence Cossé, Editions Gallimard, janvier 2009,
496 pages.

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14 juin 2009 7 14 /06 /juin /2009 21:45

Lorsque Philip apprend que son cousin Ambroise s’est marié à l’étranger avec une jeune inconnue, il déteste d’emblée sa nouvelle cousine. Ses doutes se confirment lorsqu’il reçoit les premières lettres du jeune marié, lequel lui fait part de ses soupçons quant à son épouse. Puis Ambroise meurt brutalement, après avoir écrit une dernière lettre où il accuse clairement sa femme de l’avoir empoisonné. C’est alors que la  veuve manifeste son intention de rejoindre Philip en Angleterre afin de faire sa connaissance. Philip l’attend de pied ferme, bien décidé à démasquer l’empoisonneuse. Mais la jeune femme qu’il accueille n’a rien de commun avec ce qu’Ambroise lui en a dit, et peu à peu, Philip, en dépit de ses soupçons, se sent tomber amoureux de sa cousine (Rachel, je précise, mais je pense que vous vous en doutiez).

 

J'aime beaucoup les romans de Daphné Du Maurier, j’ai relu celui-ci plusieurs fois, ainsi que Rebecca ou encore l'Auberge de la Jamaïque. Ce sont souvent des récits à suspense envoûtants qui nous entraînent jusqu'aux petites heures du matin les soirs où l'on s'était promis de se coucher tôt! Pas étonnant que plusieurs d'entre eux aient été adaptés au cinéma par Alfred Hitchcock (Rebecca, Les oiseaux). Si la trame des romans de Daphné du Maurier est souvent la même (un personnage énigmatique cachant un terrible secret), celui-ci est particulièrement réussi et original. Le récit est à la première personne, pas de grands effets de style mais une narration prenante, avec une large place faite aux dialogues.

Le suspense nait avant tout de la psychologie des personnages, de leur perception de la réalité, et non pas tant de la réalité elle-même. A partir de là, les fantasmes prennent le relai (hallucinations, rêves etc.) et persuadent le lecteur qu'une catastrophe épouvantable va se produire Tout est suggéré, sous-entendu, rien n'est dit et l'auteur manipule ainsi notre imagination.  L'ambivalence du personnage de Rachel (ange ou démon?) est bien rendue, à travers des points de vue multiples et contradictoires.

J'ai lu ici et là que Daphné du Maurier reste encore considérée aujourd'hui comme un auteur mineur, et j'ai du mal à comprendre pourquoi. En effet, ses romans sont très aboutis, très bien construits et elle maitrise parfaitement l'art de la manipulation psychologique, pour notre plus grand bonheur. Alors, pourquoi ce dédain?

J'ai volontairement choisi d'illustrer ce billet avec l'édition ancienne du livre de poche. C'est dans cette édition que je l'ai lu pour la première fois et je suis restée très marquée par cette image de femme en noir. En conclusion, un roman psychologique plein de mystère, d'angoisse et de faux-semblants, un régal que je vous recommande vivement!  
 

Ma cousine Rachel, Daphné du Maurier, Livre de poche, 382 pages

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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 21:55

 Ingrédients pour 4 personnes:

 - une boite d'ananas;
 - quatre blancs de poulet;
 - un oignon;
 - une cuillerée à soupe d'huile d'olive;
 - une boite de lait de coco;
 - deux cuillerées à soupe de curry;
 - sel et poivre.

 Découper l'ananas en morceau et détailler le poulet en lanières, éplucher et émincer l'oigon.

Dans une grande poêle ou mieux, une sauteuse, faire revenir l'oignon dans l'huile, ajouter les lanières de poulet et les faire dorer légèrement sur toutes les faces. Ajouter le lait de coco, le curry, le sel et le poivre. Bien mélanger puis ajouter les ananas coupés en morceau. Rajouter un peu d'eau si nécessaire (mais moi je préfère sans) et laisser cuire à couvert à petit feu 10 ou 15 minutes. Servir avec du riz par exemple.

Avec cette recette, je ressuscite la rubrique "qu'est-ce qu'on mange ce soir?", un peu dédaignée ces derniers temps. En effet, je cuisine peu en ce moment, pour des tas de raisons toutes plus mauvaises les unes que les autres, mais ça ne devrait pas durer. En tout cas, ce poulet est facile, rapide, idéal pour recevoir quand on a peu de temps pour la préparation. Ca peut se faire à l'avance et se réchauffer au dernier moment.

La recette provient d'un blog que j'aime beaucoup, le blog de Domi, hébergé chez Marmiton. Allez faire un tour, vous retrouverez le poulet à l'ananas ICI, mais aussi bien d'autres recettes.

Bon appétit!

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5 juin 2009 5 05 /06 /juin /2009 22:12

Nous sommes à Saint-Pétersbourg, en 1919. Sonia a 18 ans, n’a jamais connu son père et vit quasi-recluse avec sa mère, professeur de piano vieillissante. La révolution les a réduites à une extrême pauvreté. Pour vivre, Sonia devient l’accompagnatrice de Maria, une chanteuse lyrique à la mode. Une vie nouvelle démarre quand Maria s’exile et entame une brillante carrière en Europe. Une relation étrange se noue alors entre les deux femmes. Réceptions brillantes, tournées triomphales, Sonia assiste silencieuse et discrète à l’ascension irrésistible de Maria. Prise entre la jalousie, la fascination, et frustration, l’accompagnatrice accumule de confus désirs de vengeance contre sa maîtresse et médite une trahison.

 

A la lecture de ce roman, je ne regrette qu’une chose, qu’il soit aussi court. Un peu plus de 100 petites pages, un récit qui passe à toute vitesse. On a à peine le temps de s’installer dans l’ambiance que c’est déjà fini. Pourtant, il y a avait matière à un roman psychologique dans ce huis-clos entre l’artiste adulée et l’accompagnatrice ignorée. J’attendais aussi beaucoup sur la Russie des premiers temps de la Révolution et sur la vie des émigrés russes à Paris, que l’auteur a bien connue puisqu’elle est née en 1901 à Saint-Pétersbourg et s’est exilée en 1922 pour Berlin puis Paris. Mais tout ça n’est évoqué que par allusions. J’en aurais volontiers lu 150 pages de plus, tant l’auteur sait bien rendre les ambiances, avec une économie de mots très poétique.

 

En conclusion, une belle histoire, mais qui laisse un goût d’inachevé.

 

Nina Berberova, L’accompagnatrice, Actes Sud, 1985, 108 pg.

 

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29 mai 2009 5 29 /05 /mai /2009 22:10

Londres, 1946, les Britanniques se relèvent de la guerre. Parmi eux, Juliet, auteur à succès, cherche une idée pour son prochain roman. Par un concours de circonstance, elle entre en relation avec un, puis plusieurs habitants de l’île de Guernesey. Ces derniers lui racontent, avec un mélange de drôlerie et de gravité, les années d’Occupation et leur cortège de privations, d’arrestations, dénonciations, etc. En effet, les îles anglo-normandes, mal défendues car trop proches des côtes françaises, furent les seuls territoires britanniques occupés par les Allemands. Au cours de ce récit épistolaire, burlesque à souhait, on croisera pêle-mêle un cochon rôti, des tourtes aux épluchures de patates, une enfant furetophile (ça se dit, ça ?), des lettres inédites d’Oscar Wilde… Et puis des cottages, des jardins, des muffins, des tasses de thé en porcelaine, tout ce qui fait le charme d’un roman anglais.

 

Un roman génial. Et pourtant, j’avais bien failli m’en détourner en découvrant le bandeau rouge dont l’avait décoré l’éditeur, et qui proclamait qu’Anna Gavalda avait trouvé ça « absolument délicieux ». Je me demande si ce patronage est judicieux... Enfin, faisant fi (pour une fois !) de mes préjugés, je me suis lancée et je ne regrette pas.


D’abord j’adore les romans épistolaires. En l’occurrence, ce genre convient parfaitement à l’histoire qui comprend deux récits parallèles. Les lettres permettent une narration enjouée, rythmée, avec des chutes amusantes. Les post-scriptum de certaines épîtres sont même de vraies perles. Ensuite j’adore les îles anglo-normandes (lesquelles risquent d’ailleurs d’être envahies de touristes cette année si le roman obtient le succès qu’on lui prédit). L’évocation d’un petit paradis verdoyant n’est pas surfaite, Guernesey est une île enchanteresse.

 

La langue est simple mais efficace, les personnages bien campés, les thèmes revigorants : la lecture comme antidote au désespoir, à la faim et à la peur. Le récit contient de nombreuses références littéraires (l’indéboulonnable Jane Austen fait même une brève apparition) mais elles ne sont jamais superficielles ou plaquées. Enfin l’auteur glisse avec beaucoup de talent du registre de l’humour à celui de l’émotion. J’ai parfois été au bord des larmes, avant d’éclater de rire quelques pages plus loin. Peu de romans m’ont fait cet effet-là.

 

Un regret : que le titre français soit un abrégé du titre original : « The Guernsey literary and potato peel pie society ». Pourquoi a-t-on escamoté le nom de l’île et la tourte ? Dommage.

 

Ce roman fait un tabac sur la blogosphère on dirait, Fashion l’a beaucoup aimé, Keisha aussi. C’est grâce à elles que j’ai surmonté l’effet « bandeau rouge » gavaldien. Délicieux, indeed it is.

 

Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, Edition du Nil, avril 2009, 396 pages

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23 mai 2009 6 23 /05 /mai /2009 21:28

Récit de la prise de contrôle par les nazis de l’Eglise luthérienne allemande. Cet épisode, mal connu, se déroule à la fin des années trente et nous est conté par un jeune pasteur qui l’a vécu de l’intérieur. Afin d’établir définitivement sa mainmise sur le pays, le parti nazi entreprend dès 1933 un noyautage insidieux de l’Eglise luthérienne allemande, influente et populaire qui compte des millions de fidèles. Alternant séduction et répression, le régime s’introduit peu à peu dans les mécanismes de cette église, s’attaque d'abord aux symboles puis aux individus avant de se livrer à d’impitoyables persécutions.

Face à cette offensive, l’Eglise luthérienne allemande tente une résistance désespérée, frontale, que suit une plongée progressive dans la clandestinité. De son côté le narrateur, voulant s’opposer à la mainmise du régime, voit ses proches décimés avant d’échapper in extremis à la déportation, qui sera le destin de plusieurs milliers de pasteurs allemands.

 

Ce texte restitue avec clairvoyance l’état d’esprit des allemands dans les années trente. Une économie en déroute, des élites ruinées, des institutions républicaines décrédibilisées, une société grise qui oscille entre nostalgie et rejet du passé impérial. A travers des personnages d’aristocrates déclassés, d’étudiants misérables, d’anciens combattants amers, l’auteur dépeint avec justesse une population fragile et perméable à un discours démagogique.

 

Dans son rythme et sa construction, ce livre m’a rappelé « La ferme des animaux » de George Orwell. Sournoisement, l’ennemi avance et s’enracine, dissimulé au début sous des dehors bienveillants, et laissant ensuite entrevoir son véritable visage au fur et à mesure que le piège se referme.

 

A souligner, une intéressante post-face qui précise les adaptations effectuées par l’auteur par rapport au témoignage du pasteur, car il s’agit tout de même bien d’un roman même si l’essentiel des faits est réel.

 

Un roman lu d’une traite qu’on referme avec un frisson.

 

Un autre avis chez Sébastien Fritsch.

 

Jour sans retour, Kressmann Taylor, Livre de Poche, 322 pages.

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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 23:40

1942, un sous-marin allemand croise au large de la Martinique, traquant les bâtiments américains qui viennent d’entrer dans le conflit mondial. A bord, l’Oberleutnant von La Rochelle est gravement malade, à tel point qu'il est débarqué sur la côte martiniquaise aux bons soins des autorités françaises (vichystes) pour y retrouver la santé. 
 

La Rochelle appartient à l'aristocratie allemande. Comme son nom le laisse deviner, il descend d’une famille de huguenots français qui ont fui le pays lors de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685. C’est donc un officier plutôt francophile mais très imprégné des théories nazies  qui débarque moribond au dispensaire.

 

Déterminé à frayer le moins possible avec l’ennemi français et surtout avec la population noire, La Rochelle n’est pas préparé à l’ambiance détendue et lascive qui l’attend pour sa convalescence sous les cocotiers.  Entre langueur, chaleur et sensualité, l’univers et les convictions de l’officier allemand basculent peu à peu, alors que la guerre se rapproche et que le sous-marin ne tarde pas à refaire surface.

 
Un roman court, émouvant et déroutant. Déroutant parce qu'on est en pleine guerre mondiale, et qu'en même temps on se sent très loin de la guerre. Le climat tropical, la moiteur, la douceur de vivre, tout concourt à donner l'impression d'un conflit irréel. 
Emouvant parce que ce roman est aussi celui de la transformation morale d'un jeune soldat au départ exalté, raciste et violent - et ce en dépit du fait que, de leur côté, les habitants de l'île sont loin d'être tous des anges pétris d'humanisme et de tolérance. Car c'est aussi l'une des qualités de ce récit que d'échapper à un manichéisme facile. L'auteur restitue pleinement - et avec humour - la complexité des personnages et offre une vraie réflexion sur les raisons qui peuvent pousser un homme à se laisser endoctriner.

Un roman plein d'espoir sur les facultés qu'ont les hommes d'évoluer et de se comprendre, même quand ils partent de très loin.

Les vacances de l'Oberleutnant von La Rochelle, Gilles Perrault, Livre de Poche, 222 pages

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14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 15:30

Demain, je passe la journée au Salon du Livre (oui, bon, c'est pas tout à fait comme sur la photo, mais presque...). J'ai préparé mon paquetage; sandwichs, bouteille d'eau, chaussures plates, et une pile de bouquins à faire dédicacer. Je reviendrai sur les rotules, comme chaque année, mais c'est un tel plaisir! J'espère qu'il n'y aura pas d'alerte à la bombe comme l'an dernier, et qu'on ne finira pas les dédicaces sur le parking sous la pluie (quoique, ça donnait un certain charme à l'événement!). Point fort de la journée, la conférence avec Jean d'Ormesson sur la bibliothèque idéale, de 14h à 15h.

Petit bémol, je trouve que cette année le site internet est particulièrement mal fait. C'est mon ordinateur qui fait des siennes ou la liste des dédicaces ne fonctionne tout simplement pas? Impossible d'utiliser leur moteur de recherche.

Bon week-end!

Salon du Livre de Paris, Porte de Versaille, du 13 au 18 mars 2009.

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Où Sommes-Nous Donc?

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En passant

04/04 

 

En ce moment, je lis en anglais.

 

L'avantage, c'est qu'en langue étrangère, je lis plus lentement, donc j'en profite plus longtemps!

 

:-)

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Affligé d'une mémoire de poisson rouge et aussi d'un bon coup de fourchette, l'auteur tente par ce blog d'atteindre un double objectif ; garder une trace de ses lectures et répondre à la question quotidienne "qu'est-ce qu'on va bien pouvoir manger ce soir?" Aucun rapport, dites-vous? Effectivement...