Paris, à peu près de nos jours. Des « 4 » peints en noir recouvrent les portes de plusieurs appartements parisiens en une nuit. De mystérieuses prophéties prennent le relais et annoncent le retour du fléau des fléaux, la Peste Noire. Le commissaire Adamsberg enquête, canular ou vraie menace ? C’est alors qu’apparaissent les premiers corps, noircis, et que les 4 se multiplient comme autant de talismans.
On m’avait tant vanté le génie de Fred Vargas, l’auteur de policiers incontournable du moment, qu’évidemment j’ai été déçue. Mais déçue bien au-delà de ce que j’avais imaginé. J’ai trouvé ça franchement mauvais. L’intrigue – qui met du temps à démarrer - est tout sauf crédible. Le grand retour de la peste, en plein XXIème siècle, pourquoi pas, mais pas avec d'aussi gros sabots. D’ailleurs, on sent qu’à certains endroits, l’auteur peine pour donner de la vraisemblance à son récit. Les explications deviennent tortueuses, alambiquées, les déductions du grands commissaire de plus en plus tirées par les cheveux. Le récit fait des acrobaties pour accréditer l’idée que le 14ème arrondissement de Paris pourrait être ravagé par le « fléau de Dieu », et n’y parvient pas. D’ailleurs, sans vouloir spoiler, le dénouement sonne comme un aveu d’échec.
Sur la forme, les phrases sont abruptes, courtes, les termes familiers, « flics », « type », « gueule », abondent, ce qui n’est pas gênant en soi mais donne une impression de modernité qui cohabite mal avec les prophéties millénaristes, le lexique moyenâgeux (approximatif d’ailleurs, en gros on met des « z » partout, « qualitez », « humiditez »), les citations latines pompeuses. Les clichés sont nombreux, les expressions stéréotypées "Mort Noire", "fléau de Dieu", sont rabâchées ad nauseam. On a l’impression que Vargas hésite entre le polar contemporain et le roman gothique ésotérique, pour aboutir à une caricature de l’un et de l’autre.
Pour ce qui est du cadre, la description du XIVème arrondissement de Paris (quartier Edgar Quinet) relève plus du Paris fantasmé du touriste américain que de celui où vous et moi faisons nos courses. D’où un certain décalage : les bacilles pesteux s’égaient dans une ambiance genre « Amélie Poulain ». Ce contraste – délibéré ou non - m’a vite exaspérée.
Enfin le personnage récurrent de Fred Vargas, le commissaire Adamsberg, m’a semblé inconsistant. Aucun des clichés de l’enquêteur contemporain ne nous est épargné ; anti-héros solitaire, ombrageux, (mais un coeur tendre se cache sous sa carapace bourrue bien sûr), et toujours la sentence percutante au bout de la langue « je me demande si, à force d’être flic, je ne deviens pas flic ».
Au total, je me suis ennuyée, impatientée, Fred Vargas restera une déception... (Je m’excuse d’avance auprès des fans, et je vais faire acte de pénitence sur le champ en allant lire une bonne daube, ça tombe bien, les Harlequinades 2009 viennent de commencer !)
Sur la blogosphère, les avis plus enthousiastes de Yueyin et de Kalistina.
Pars vite et reviens tard, Fred Vargas, J'ai lu, 347 pages.