Oui, j’ai acheté 3039 pages au Salon du Livre cette année.
Mais laissez-moi vous expliquer Monsieur le Juge, c’est pas ma faute.
D’abord, il a fallu faire un passage rapide chez Gallimard, pas trop bondé encore vu l’heure matinale, donc il fallait en profiter. Bilan : Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, et Mr Dick ou le dixième livre, de Jean-Pierre Ohl, auteur que j’ai découvert récemment et que je voulais approfondir.
Ensuite, un petit tour chez Georges Flipo (éditions La table Ronde) pour faire connaissance avec lui et avec sa commissaire (qui, selon les rumeurs, n'aime point les vers), mais aussi pour lui extorquer un de ses précédents livres, Le Vertige des auteurs, qu’il a discrètement extirpé de sous sa table pendant que la libraire regardait ostensiblement ailleurs. Discussion intéressante au cours de laquelle je lui ai suggéré une magistrale idée d’intrigue pour sa commissaire, et ce sans réclamer la moindre royaltie, ma bonté me perdra.
Puis, petit stop au stand 10/18-Pocket, noir de monde, on s’écrasait dedans dès midi et demi. J’ai résisté aux Jason Goodwin mais que voulez-vous, il y avait les trois tomes de Gyles Brandreth sur Oscar Wilde. Alors forcément ! Mais je n’en ai pris qu’un, parole, Oscar Wilde et le meurtre aux chandelles. Si les blogs n'en avaient pas dit tant de bien, aussi...
Enfin, les éditions Phébus m’ont enchantée, avec un très beau stand en lumière tamisée et belles boiseries. J’aurais volontiers acheté toute la collection Libretto si j’avais pu, ils rééditent tous les grands auteurs victoriens, mais aussi Jack London, Alexandre Dumas etc.. Mais je me suis contenté d’un Daphné du Maurier que je ne connaissais absolument pas, Le Bouc émissaire. Vous connaissiez Monsieur le Juge? Non? Alors, vous voyez bien...
Pour finir, j’ai eu l’occasion que je cherchais depuis longtemps de tester en vrai cette chose non-identifiée qu’on appelle un « e-book ». Elle était en vedette dans la partie du salon réservée aux nouvelles technologies, dans des bornes scellées. Ca n’a pas l’air mal, c’est simple à utiliser, l’écran est plutôt plaisant, pas de luminosité gênante comme sur un écran d’ordinateur, il y a une vraie différence. L’écran est mat, comme la page d’un livre. De plus, on peut définir trois tailles de caractère différentes (petit, moyen, grand), ce qui apporte un vrai confort pour ceux qui ont des problèmes de vue.
(attention, digression) Ceci étant, ça n’a pas été une révélation. Je pense que c’est un appareil qui peut apporter une lecture commode là où elle est inconfortable actuellement (transports en commun, avion, train etc.), et qui offrira certainement un intérêt pour les lectures utilitaires, volumineuses (et chères) comme les manuels universitaires etc. Mais pour celles qui relèvent du loisir, je ne m’y vois pas, c’est trop impersonnel, professionnel, désincarné.
De plus j’ai l’impression que, paradoxalement, ça n’est pas dans l’air du temps. Actuellement, c'était frappant au salon, beaucoup d’éditeurs misent sur « l’objet livre » en particulier pour la littérature jeunesse, SF et gothique, qui représentent les gros bataillons du secteur. Les couvertures sont de plus en plus chamarrées, sculptées, la vente du livre est assortie de toutes sortes de gadgets et les jeunes lecteurs cultivent un art du déguisement en rapport avec l’univers en question. Que de stands où patientaient des lecteurs habillés de pieds en cap comme leur héros; maquillage, chapeau pointu, crinolines, avec les livres sous le bras comme autant d’objets-culte (sans parler des marque-pages, autocollants, affiches)! Le livre fait partie de la « panoplie » des groupies, je ne les vois pas aspirer tout ça dans un petit écran gris. (fin de la digression)
Petit stop pour finir chez les BD, où j’ai soigné ma passion pour Blake et Mortimer en achetant Le sanctuaire du Gondwana, sur les conseils avisés d’un fan de la série qui se trouvait là.
Deuxième jour ; visite des éditeurs étrangers, et des stands régionaux. Petite discussion sympa avec auteurs et éditeurs belges, sur les mérites comparés des librairies bruxelloises. Il y en a un à qui j’avais promis de repasser dans l’heure et je ne l’ai finalement pas fait, pour cause de fatigue,… Qu’il trouve ici de plates excuses.
Passage chez Omnibus qui fait de superbes volumes reliés façon « bouquin » de grands auteurs populaires, tels Simenon, Leblanc, Troyat. J’ai bondi sur Les Héritiers de l’Avenir et Le Moscovite, 3 tomes chacun… hum, oui, bon, mais sachez Monsieur le Juge, qu’il y avait aussi tout Simenon en 22 tomes, et ça, je ne l’ai pas acheté ! Donc au fond, j’ai été extraordinairement raisonnable si on tient compte du contexte.
Repassage au stand 10/18-Pocket, décidément plein, pour voir la tête « en vrai » de quelques stars des blogs BD en dédicace, Galli et Leslie Plée (mais où était donc passée Pénélope B. cette année ?).
Voilà, c'est tout Monsieur le Juge. Ca va chercher dans les combien?
Encore une belle cuvée que ce salon du livre 2010 : j’y ai passé 9 heures sur deux jours, j’ai les jambes, le dos, les épaules en compote de poire, mais ça valait la peine. J’attaque mes 3039 pages, en laissant en plan mes lectures en cours, comme à chaque fois, pfff.
Il reste encore deux jours, allez-y ! (oui, vous aussi, Monsieur le Juge, pourquoi pas?)