Dans le cadre d'un groupe de travail très sérieux, (j'ai nommé les Harlequinades 2009) je vous livre aujourd'hui une analyse d'une rare fulgurance sur la production Harlequin du mois de juillet, rubrique "Audace".
Ivy est une jeune actrice talentueuse mais encore peu connue. Aussi, quelle n’est pas sa surprise quand un grand réalisateur fait appel à elle pour jouer le rôle titre dans son prochain film. Elle s’embarque alors pour le Mexique et rejoint l’équipe de tournage. Là, elle rencontre son futur partenaire à l’écran, le beau Eric, mais aussi le ténébreux Garret, et c’est alors que…
Difficile de résumer un Harlequin, surtout collection « Audace » (dont je vous rappelle la devise : « sexy, impertinent, osé »). L’intrigue est anorexique, et ne sert qu’à meubler les pages pour passer d’une scène « osée » à une autre scène « osée » (il y en a 8, très équitablement réparties), car on comprend assez vite que le cœur du sujet est là. Le tout dans un milieu éminamment glamour, le cinéma. Transposée dans l'univers des experts comptables, nul doute que l'histoire aurait perdu de son intérêt...
Pour être honnête, je me suis bien amusée ! Mais vous brûlez d’en savoir plus. Sachez donc que...
Dans les Harlequins, on croise beaucoup "d'abdominaux d'acier", de "cuisses musclées", de "caresses brûlantes". Les yeux sont immanquablement « lourds de désir », les orages éclatent toujours au moment opportun pour plaquer les chemises mouillées sur des « torses brûlants » (ceci dit, on est loin de la classe aristocratique de Colin Firth, rassurez-vous) mais je n’en dis pas plus car je sais déjà que ces quelques citations vont avoir des effets euphorisants sur mes statistiques, et point trop n’en faut.
Dans les Harlequins, chaque fois qu’une scène épicée s’annonce, le lecteur en est informé à l’avance car le personnage masculin (Garret en l’occurence) se met tout à coup à parler « d’une voix rauque », et là, on sait que ça va chauffer pour Ivy… Dans le feu de l’action, les dialogues savent se faire discrets, mais la montée de la tension nous est subtilement communiquée par des « Ooh ! », puis des « Oooh ! », puis des « Ooooh ! » et pour finir, des « Oooooh !». Le scénario reprend pendant quelques pages, jusqu’à ce qu’à nouveau l’infatigable Garret se remette à parler « d’une voix rauque ».
Dans les Harlequins, tout est en soie ou, à défaut en satin : les dessous, les peignoirs, les draps, les rideaux. Le bon vieux slip 100% coton, le pyjama à motifs petits nounours ne sont pas de mise.
Les dernières pages de l'ouvrage nous offrent encore un vrai moment de bonheur; la réclame de la collection. On y apprend que ça ne rigole pas tous les jours pour les auteurs; ainsi, dans la collection « Audace », il parait 2 romans inédits le 1er de chaque mois. Je vois d’ici l’auteur d’Harlequin enchaîné à son pupitre pour produire de la galipette au kilomètre et assurer la livraison mensuelle, une vie de galérien!
Dans les Harlequins, tout est pesé au gramme près. Chaque volume d'une collection fait très précisément le même nombre de pages, et chaque collection se singularise par un nombre de pages fixe. Chez Audace, c'est 224 pages, pas une de plus, pas une de moins. En clair, chez Harlequin, on vend au poids. L’éditeur propose enfin, pour toute question, de contacter le « service des lectrices ». Oui, des lectrices, car il n’y a pas de lecteurs apparemment chez Harlequin. (mais alors, que lisez-vous donc messieurs !?)
edit: 31 août! Je pensais être ric-rac pour la conclusion du Challenge mais je viens de voir que nos sympathiques organisatrices ont charitablement repoussé la date au 30 septembre. Et pis en plus ya plein de nouveaux trucs, un concours, des médailles à gagner. Pour en savoir plus c'est par ici.
Plaisir sous les tropiques, Karen Foley, Editions Harlequin, 214 pages