Une riche pharmacienne parisienne perd son mari dans d'étranges circonstances. Empoisonné par un mystérieux touriste? Puis les morceaux d'un cadavre inconnu lui son livrés chez elle. Epouvante, chantage, menaces, le commissaire San-A enquête pour délivrer la jeune veuve éplorée et ses charmantes filles de cette macabre persécution.
Nous sommes en mars et il est temps pour moi d'attaquer les divers challenges auxquels je me suis étourdiment inscrite en ce début d'année. J'ai donc mis a profit les vacances de février pour dévorer douillettement au coin du feu du radiateur mon 1er San-Antonio. Hélas, je n'ai pas pu trouver les titres émoustillants que j'avais cités ICI. Voici donc "Faites chauffer la colle", trouvé au Relais "H" de la Gare de l'Est.
Dans l'ensemble, j'ai aimé mais sans plus. Je n'en lirai pas des dizaines. L'écriture est faite d'un argot assez vieillot mais justement de ce fait réjouissant, d'expressions désuètes et gaillardes. C'est coloré, odorant, goûteux. Ce qui m'a plu dans ce style, ce sont les néologismes, souvent drôles et très intuitifs (le mot n'existe pas mais on comprend très bien de quoi il s'agit). Pour le reste, l'histoire est bien ficelée, bien amenée. Il y a des scènes d'anthologie sorties tout droit de la tête d'un doux dingue comme la fête de village normande (à Saint-Locdu-le-Vieux) et ses concours peu orthodoxes!
Quelques bémols sérieux; trop d'histoires de fesses, qui reviennent incessamment. Ca m'a rappelé la mécanique Harlequin, sauf que c'est traité différemment! Foin de romantisme et de descriptions édulcorées, on est dans le cru, avec une bonne pincée de misogynie en prime. Au début, c'est plutôt roboratif, à la longue ça lasse... La fin est ratée. En fait, pendant tout le roman l'enquête piétine, les (morceaux de) cadavres s'amoncellent. Et soudain, San-Antonio décide que ça a assez duré. Il fait asseoir tout le monde et révèle la clé de l'énigme en deux coups de cuillère à pot, énonçant des éléments nouveaux pour le lecteur sans qu'aucun indice ait pu nous mettre sur la voie. Cet épilogue qui sort du chapeau en 3 pages laisse le lecteur en rade et m'a déçue.
En conclusion, je ne suis pas mécontente de cette expérience. Je comprends l'engouement des inconditionnels car on a là une écriture singulière et originale, un univers qui ne ressemble à aucun autre. Mais personnellement, je ne ferai jamais partie du fan club. Merci à Daniel Fattore pour cette idée qui sort des sentiers battus. Bon challenge à tous!
Faites chauffer la colle, Frédéric Dard, Editions Fleuve Noir, 2010 (1993 pour la première édition), 281 pages.
Lu dans le cadre du Challenge San Antonio 2010 : 1/2